Les rançons de prises d'otages:
présentation générale
La prise d'otages est aujourd'hui une des principales sources de financement du groupe terroriste Al-Qaïda, tout comme le trafic de drogues et le financement par les dons. Elle représenterais environ 40% de leur capital financier. Cette source d'argent, qui fut d'abord secondaire dans les débuts d'Al-Qaïda dans les années 90, s'est énormément développée ces 20 dernières années, en clair, les sommes rapportées sont devenues de plus en plus effrayantes.
Déroulement d'un paiement de rançon selon une enquête menée par le New York Times
En 2012, le New York Times a mené une enquête sur le déroulement d'un paiement de rançon, notamment avec l'exemple des pays européens. L'exemple pour expliquer le détail du transfert est un paiement effectué en 2003 par l'Allemagne.
Ce sont neuf ambassadeurs allemands qui se sont occupés du transfert, même si l'argent servait à libérer 32 otages européens, dont 16 français, 9 allemands ainsi que 7 suisses. L'ambassade d'Allemagne avait été désignée pour se charger de la tâche.
Les neufs ambassadeurs sont arrivés au mali dans un avion privé, vide, puis ont, à l'aéroport été pris à part pour un entretien avec le président malien. Les ambassadeurs lui ont alors donnés 3 valises, contenants en tout 7 millions de dollars. La couverture « officielle » était que l'argent devait servir à des aides humanitaires. Cependant la somme correspondant à l'estimation qu'on a de la « valeur » des otages(à peu près 200 000 $/personne), il est presque sûr que l'argent ait été versé pour la libération des 32.
L'argent a alors été transporté dans des 4x4 sur une centaines de kilomètres vers le nord, dans le Sahara où se trouvait la base secrète(qui a entre-temps été découverte) d'un petit groupe d'extrémistes islamistes affilié à Al-Qaida. Le même procédé a été revu plusieurs fois les années suivantes et il est probable qu'Al-Qaida utilise le même procédé aujourd'hui.
L'excuse des aides humanitaires est réutilisé à chaque fois. Et avant d'arriver dans les valises, l'argent qui sert de paiement fait de grands détours par de multiples comptes bancaires pour cacher les pistes. Car encore aujourd'hui la France, l'Autriche, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie sont (dans l'ordre) les plus importants payeurs de rançons et nient tous payer les rançons bien que le contraire ait été prouvé à multiples reprises (voir statistiques de la prise d'otages).
(Source: nytimes.com / lactualite.com)
La prise d'otage d'In Anemas
L'une des plus importantes prises d'otages de ces dernières années fut la prise d'otages d'In Anemas menée du 16 au 19 janvier 2013 par un groupe d'Islamistes armés répondants aux ordres d'Al Qaida qui se nomment « Les Signataires du Sang » dans une raffinerie à une quarantaine de kilomètre d'In Anemas , en plein Sahara, dans le sud de l'Algérie.
Cette prise d'otages est connue pour avoir été l'une des mieux planifiées, même si elle a connu quelques imprévus de taille!
L'opération a commencée le matin, alors qu'un bus avec une cinquantaine d'employés de la raffinerie ainsi qu'exceptionnellement, le PDG de la « British Petroleum » part du site, ce bus est escorté par quatre 4x4 de la gendarmerie algérienne. Alors que les « Signataires du Sang » sont équipés de 3 4x4 avec 32 hommes en tout à bord, et prévoient d'intercepter le bus. L'attaque échoue cependant malgré la mort de 2 gendarmes ainsi que 6 blessés car l'escorte est en surnombre et a été sous-estimée par le groupe, les terroristes se tournent alors vers la raffinerie, alors que le bus continue son trajet.
Une fois sur place, les terroristes parviennent rapidement à entrer et à prendre tout le site, et à rassembler tous les habitants vivant là, ils commencent alors un « tri de la marchandise », s'intéressant principalement aux occidentaux et aux japonais qui constituent une source d'argent plus importante. Pendant ce temps, les gendarmes escortants le bus reviennent sur les lieux et encerclent le site. Dans les deux jours qui suivent, d'importants renforts rejoignent les gendarmes et parviennent à neutraliser tous les terroristes, au prix d'un affrontement sanglant, et de la mort de 12 militaires, 38 otages et des 29 terroristes. Cependant il a été prouvé que deux terroristes ont réussis à s'enfuir en emportant 1 otage de nationalité japonaise, qui a, 3 mois plus tard, été libéré et rendu au Japon contre une somme de 7,2 millions de dollars, ce qui constitue une somme impressionante et suffirait à dédommager 100 fois les pertes des terroristes lors de cette attaque.
Cet exemple montre, certes un échec cuisant de la part des terroristes qui avaient pourtant mis en place un plan minutieux qui semblait sans faille et qui avait sans aucun doute pour but de tuer le PDG de la « British Petroleum » mais surtout de prendre en otage une centaine de personnes, comprenant des ouvriers et des habitants du site. Cependant cela nous montre aussi à quel point le maigre lot de consolation tiré par le groupe terroriste, a permis de malgré tout rendre ce raid extrêmement rentable.
(Source: Blog CONOPS/Wikipédia)
Statistiques : les payeurs de rançons:
le rôle effrayant de L'Europe
Au moins 125 millions de dollars a été versé à Al Qaida dans le cadre de paiements de rançons pour la libération d'otages entre 2008 et 2014. Parmi ces rançons une très grande majorité provient de l'Europe. L'argent parvient à Al-Qaïda par le biais d'organisations annexes et directement liées au mouvement. Ainsi Al-Qaïda a perçu :
- 91,5 millions de dollars par AQMI :
- 5,1 millions par le Shebab, entre 2011 et 2013 pour la libération de deux otages Espagnols, l'argent est versé par l'Espagne.
- 29,9 millions de dollars par AQPA dont 20,4 millions de la part du Qatar et de l'Oman pour la libération de 2 finlandais, 1 autrichiens et 1 suisse ainsi que 9,5 millions de la part de la France pour la libération de trois français.
On remarque évidemment directement la place importante de la France dans ces statistiques traduisant en fait 3 choses :
- D'abord le fait que les journalistes et employés de certaines aides humanitaires(Aide Médicale Internationale) qui sont les deux profils les plus fréquents d'otages attrapés, soient dans le cas de la France très souvent attrapés, par mégarde ou imprudence.
- Ensuite, que la France paie toujours les rançons de ses otages, contrairement aux Etats Unis et au Royaume Uni, ce qui motive bien sûr les terroristes à augmenter la somme demandée pour les otages français.
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Et finalement, tous les pays qui figurent dans ces statistiques y figurent parce qu'on a su prouver qu'ils étaient les auteurs de ces paiements, ces derniers faisant bien sûr le maximum pour ne pas être démasqués. D'où le fait que certains états sont « non déterminés » .La France n'étant apparemment pas très douée dans cette entreprise.
On a également à multiples reprises soupçonné l'Allemagne d'être auteur de paiements de rançons, ce qui en ferait si on reprend tous ses soupçons, la troisième plus importante source de financement d'Al-Qaïda en Europe, juste derrière la France et L'Autriche.
La prise d’otages constitue aujourd’hui un des plus importants atouts financiers pour Al-Qaïda. On pourrait penser que c’est une entreprise rapportant d’importantes sommes mais qu’occasionnellement, cependant, à cause de plusieurs pays européens, on voit bien que le profit d’Al-Qaïda est régulier, en plus d’être effrayant sur ces dix dernières années, et que celui-ci n’a cessé d’augmenter. Maintenant la triste question que se posent chaque jour ces pays européens est : Faut-il sacrifier des innocents qui se sont montrés trop imprudents ? Ou faut-il payer les rançons au risque de financer de sombres projets qui pourraient causer bien plus de morts ?
(Sources : Points.de.vue alternatifs)
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